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LA PAROLE
Salutations
Les griots
L'arbre à palabres

 

 

La parole est le moyen privilégié pour tisser des liens entre les individus, mais aussi entre les générations. En témoignent la multitude de contes et de proverbes qui circulent. C'est ainsi que se construisent la communauté et son histoire.

Salutations

L'art de saluer des Sénégalais est célèbre. Les salutations durent longtemps : on demande à l'autre des nouvelles de tous les membres de sa famille, un par un. Pendant qu'on échange ces politesses, on se serre la main.

Salam aleikoum (paix sur toi), le salut arabe et musulman, est très répandu, même des croyants d'autres religions l'utilisent.

Les Wolof sont les maîtres incontestés des salutations.
En wolof, la rencontre entre Monsieur Seye et un Monsieur Diop se déroulerait ainsi :

Seye : Na nga def? (Comment vas-tu?)
Diop : Maa ngi fi.
(Ça va bien).

Moins banal : après chaque séquence de question-réponse, on répète le nom de son interlocuteur, parfois plusieurs fois.

Seye : Diop, Diop.
Diop - Seye, Seye.

Seye : Naka wa sa ker ga? (Comment va ta famille?)
Diop : Mu nga fa.
(Elle va bien)

Seye : Diop.
Diop :Seye, Seye.

Seye : Ana sa djabar ? (Comment va ton épouse?)
Diop : Mu nga fa.
(Elle va bien.)

Jeunes à Dakar

©Mark Davies 1999

 

 

Les griots

Griot

©Frédéric Mocadec

"Le monde sans griots serait fade comme du riz sans sauce" dit un proverbe peul.
Et en effet, le griot, qui d'ailleurs peut être aussi une femme, est un personnage aux multiples facettes : dans le village, il est à la fois musicien, conteur, poète, et accessoirement, généalogiste. Le griot est aussi un homme un peu en marge de la société, car il a fait partie à l'origine d'une caste. Il apprend son métier au sein de la famille, puis auprès d'un maître.

On ne saurait se passer de lui au cours d'une fête, où ses talents de musicien et d'amuseur sont particulièrement appréciés. Son statut à part lui donne une plus grande liberté de ton. Mais il remplit une fonction culturelle plus vaste : on peut l'engager pour chanter l'histoire de sa famille, et bien sûr pour en chanter les louanges !

Surtout, en l'absence d'une histoire écrite, les griots sont la mémoire vivante du pays, leurs récits et contes permettent de préserver de façon orale les événements du passé et les rites reçus en héritage.

D'autre part, les griots ont une grande influence dans la vie de la communauté, ce sont des personnages écoutés qui jouent un rôle important dans les relations sociales : on les consulte volontiers en cas de conflits, où ils peuvent intervenir comme médiateurs. Il n'est donc pas étonnant que dans la société sénégalaise d'aujourd'hui ils soient même engagés par des hommes politiques, auprès desquels ils sont de véritables conseillers en communication !

L'arbre à palabres

Dans chaque village, il y en a un : un grand vieil arbre, en général un fromager. En fait, ses racines qui sortent de terre constituent des bancs confortables. C'est l'endroit où, le soir venu, les hommes se rassemblent pour discuter.


Il y a une vraie culture de la conversation au Sénégal. Là encore, c'est en écoutant la parole des autres qu'on apprend à y participer selon les règles de l'art.
Aujourd'hui, on se sert de cette tradition dans les "causeries". Ce sont des réunions où l'on parle librement de problèmes de société en tout genre. En même temps, on transmet des informations sur des questions de santé, la prévention de maladies, etc.

Une causerie

©Christian Costeaux

 

 

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Mise à jour: 8 mai, 2003